Ramond
Louis-François-Elisabeth Ramond de Carbonnières
Louis Ramond de Carbonnières (1755-1827) est un homme politique et naturaliste, botaniste et géologue. De formation juridique et scientifique, il devient secrétaire particulier du cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg. Il l’accompagnera dans son exil, après l’affaire du Collier de la reine, jusqu’aux Pyrénées. À la Révolution française, il sera membre de l’Assemblée législative, professeur d’Histoire naturelle à l’école centrale de Tarbes, puis député, préfet (Hautes-Pyrénées et Puy-de-Dôme) et baron d’Empire sous Napoléon, avant d’être nommé conseiller d’État sous la Restauration.
En 1787, il fait sa première ascension du pic du Midi de Bigorre et découvre « l’une de ces vues que la nature refuse aux sommités centrales ». A partir de ce jour, il va enchaîner les courses qui le conduiront notamment dans les cirques de Troumouse, Estaubé et Gavarnie ainsi qu’à la brèche de Roland et au Néouvielle.
En 1789, il publie ses Observations faites dans les Pyrénées, en deux volumes, récit scientifique et littéraire. Emprisonné à Tarbes en 1794, il met à profit cette réclusion au secret pendant la Terreur pour mettre en ordre ses observations botaniques consignées dans des carnets de terrain sous forme d’un manuscrit sur ses Herborisations dans les Hautes-Pyrénées publié bien plus tard (1997) comme ses Carnets pyrénéens (1931 à 1939).
Ses nombreuses excursions l’ont conduit à l’exploration d’un périmètre somme toute assez réduit, mais ô combien ardu à prospecter, au cœur des Hautes-Pyrénées, entre vallée d’Aure, Bagnères et vallée de Cauterets.
Parmi les courses de Ramond, l’ascension de la brèche de Tuquerouye (1797), alors englacée, et la conquête du Mont-Perdu, enfin atteint en 1802, sont restées les plus célèbres. S’intéressant beaucoup à la géologie, ces 2 expéditions permettront alors de régler une question scientifique qui l’opposait notamment à Lapeyrouse, celle de l’origine des calcaires de ce massif, dont Ramond en confirme l’origine marine grâce aux fossiles qu’il repère au lac Glacé.
En botanique, ses publications et manuscrits sont une source très importante sur la connaissance floristique de cette époque. Il a entretenu des correspondances avec de nombreux botanistes comme De Candolle, Lapeyrouse, Desfontaines, Thore, Villars… Il a notamment décrit les plantes comme la sabline pourprée, Arenaria purpurascens Ramond ex DC., l’Aspérule hérissée, Asperula hirta Ramond ; le Gispet, l’Esquia des barégeois, Festuca eskia Ramond ex DC., la Grande marguerite, Leucanthemum maximum (Ramond) DC., la Bartsie en épi, Nothobartsia spicata (Ramond) Bolliger & Molau ; la Grassette à longues feuilles, Pinguicula longifolia Ramond ex DC., le Pin à crochets, Pinus uncinata Ramond ex DC. ; la Potentille à petites fleurs, la Pensée des Pyrénées, Viola pyrenaica Ramond ex DC., le Cirse roux, Cirsium carniolicum subsp. rufescens (Ramond ex DC.) P.Fourn., la Passerine des neiges, Thymelaea tinctoria subsp. nivalis (Ramond) Nyman.
Plusieurs plantes lui ont été dédiées, en particulier la Ramonde des Pyrénées, nommée Verbascum myconi par Linné et pour laquelle Lamarck créé le genre Ramonda (et non Ramondia, qui est une confusion classique).
Ramond est le précurseur du Pyrénéisme et de la Société Ramond, créée en 1866, qui va exalter son approche de la découverte naturaliste, historique, ethnologique et sportive des Pyrénées.
Les manuscrits et objets personnels de Ramond sont conservés par le Musée pyrénéen de Lourdes.
L’herbier de Ramond a été donné par ses héritiers à la Société Ramond.
Déposé jusqu’en 2003 au Muséum de Bagnères-de-Bigorre, il a été remis à cette date, avec l’ensemble des herbiers de la Société, au Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées.
Pour en savoir plus
Battin J., 2008. Ramond de Carbonnières, un savant des lumières, conseiller d’Etat, commandeur de la légion d’honneur, La Cohorte, 193 : 15-27.
Girdlestone C., 1968. Louis-François Ramond : 1755-1827, sa vie, son œuvre littéraire et politique, Lettres modernes, Paris, 585 p.
Largier G. & Saule-Sorbé H., 2010. Ramond, Louis François Elisabeth [Notice biographique]. In : Saule-Sorbé H. & Largier G. (édit.). Les botanistes de la flore pyrénéenne. Préface de G.G. Aymonin. Les feuilles du Pin à crochets, 9 : 209-210.
Ramond L., 1997. Herborisations dans les Hautes-Pyrénées ou essai pour servir à l’Histoire naturelle tant des végétaux qui y croissent spontanément que de ceux qu’une culture habituelle y a naturalisé. Avant-propos de Philippe Mayoux, Randonnées Pyrénéennes, Ibos, 160 p.